Je vous le dis tout net: tout ce battage à propos de l'Ukraine commence à me sortir par les yeux. L'insistance qu'on a par chez nous, politiques et médias à prendre parti pour les révoltés de la place Maïdan me rend tout ce discours suspect. J'ai du mal à croire que les uns sont les gentils et les autres les méchants. Que voulez-vous, je suis comme ça: plus on insiste pour me convaincre et plus je me dis que ça cache quelque chose.
Car que savons-nous de la réalité ukrainienne après avoir entendu les dernières "en direct de Kiev de la bouche de nos envoyés spéciaux" sur fond de barricades et d'incendies? Que nous a-t-on appris de sa réalité géographique, linguistique, religieuse, historique, politique? Rien. Rien du tout.
On nous dit que les Ukrainiens sont pro-européens mais que leur gouvernement ne l'est pas. Circonstance aggravante, ce gouvernement est pro-russe. Traduction: ces gens nous aiment et l'amour désintéressé qu'ils nous portent est durement réprimé par les milices de Poutine.
Que Ianoukovitch ne mérite pas un brevet de démocratie, ni d'honnêteté, je veux bien en convenir. Et s'il était chassé du pouvoir -démocratiquement si possible-, je ne le regretterais pas. Mais que tous, absolument tous les Ukrainiens soient pro-européens, ce qu'on essaie de nous faire croire, j'ai du mal à l'admettre.
Surtout après avoir lu cet article et éxaminé attentivement les cartes qu'il contient où l'on apprend que la situation n'est pas si simple.
J'en arrive à me demander si, pour les Occidentaux, l'affaire ukrainienne n'est pas un bon moyen d'aller taquiner la Russie en jetant de l'huile sur un feu qu'ils ont contribué à allumer pour se donner le beau rôle de pompiers bénévoles.
Et accessoirement en ce qui concerne la France pour nous faire oublier le Mali et la Centrafrique et que Pépère préside la République avec le succès que l'on sait.
Pour nous faire oublier aussi la complaisance que la France a pour d'autres pays et leurs régimes violemment répressifs. Je vous laisse le soin d'en faire la liste.
Juste un exemple: le Venezuela où des manifestations violentes embrasent la capitale, où les manifestants refusent une dictature "à la cubaine" et où les forces de police n'ont rien à envier aux Ukrainiennes. Oui mais voilà: au Venezuela la "révolution bolivarienne" au pouvoir est très bien vue de la gauche française et idolâtrée par l'extrême-gauche. Quelqu'un qui est tué par la police parce qu'il refuse le modèle cubain ne mérite donc pas que l'on s'attarde sur son sort.
PS: La photo n'a pas été prise à Kiev sur la place Maïdan, mais à Caracas.