La Beauce est plate (rassurez-vous, je ne veux pas aller sur les brisées de notre estimé confrère qui, moderne Pic de la Mirandole, contribue du haut de ses collines à relever le niveau de nos connaissances en géographie comme en zoologie, tout en nous livrant un point de vue original sur le monde comme il titube; si avec ça, il ne me fait pas faire un tour en Daimler, c'est qu'y a pus d'Bon Dieu).
Donc, disais-je, la Beauce est plate. La ligne d'horizon y est le plus souvent une ligne droite. Quand elle ne l'est plus, c'est que sa rectitude est interrompue par la silhouette d'un silo, le toit d'une exploitation agricole, quelques éoliennes ou, parfois mais rarement, par un bouquet d'arbres. Comme me l'a confié un autochtone: "Le Beauceron, il n'aime pas les arbres, parce que les arbres, ça fait des feuilles".
Quand, comme aujourd'hui, le vent est faible, les éoliennes tournent au ralenti et le panache de vapeur que crachent les tours de refroidissement de la lointaine centrale nucléaire s'élève verticalement jusqu'aux cumulus de beau temps pour nous rappeler qu'en cas d'incident majeur, nous sommes aux premières loges.
Mais hélas! il n'est pas le seul.
Les moissons se terminent et nombreux sont les cultivateurs qui brûlent les chaumes. L'horizon auquel je faisais allusion plus haut offre ainsi au regard de très nombreuses colonnes de fumée brun-roux qui participent activement à l'augmentation du taux de CO2 de l'atmosphère et donnent à l'air de la campagne une odeur de fin de barbecue.
Si Ségolène Royal qui fut ministre du chabichou, actuellement titulaire du portefeuille de l'écologie, me lit quelquefois (et pourquoi ne le ferait-elle pas?), je me permets de lui conseiller d'intimer aux préfets l'ordre de ne plus publier d'arrêtés autorisant l'écobuage.
Ça me ferait plaisir.