Ils sont de plus en plus nombreux ceux qui pensent que la Grèce sera incapable à plus ou moins long terme de rembourser les dettes qu'elle contracte pour combler le trou creusé par sa gestion calamiteuse. C'est pourquoi ceux qui veulent prendre le risque de lui prêter de l'argent exigent de forts taux d'intérêt et diminuent d'autant sa capacité de remboursement. On oublie trop souvent que ces emprunts sont gagés en principe non pas sur des richesses existantes mais sur des espoirs de richesses ou d'économies futures. La Grèce créera-t-elle ces richesses? Fera-t-elle ces économies? Le fera-t-elle dans les délais, c'est-à-dire avant que les prêts n'arrivent à échéance? N'oublions pas non plus que ceux qui prêtent ou qui prêteront (la France par exemple) sont déjà endettés et empêtrés dans leurs propres déficits publics qu'ils essaient de combler en empruntant de leur côté.
Christine Lagarde essaie de nous persuader que prêter à la Grèce est une bonne affaire: on emprunte à faible taux, on prête à un taux plus élevé et on retire un bénéfice. Christine l'a déjà chiffré: cent cinquante millions. Outre le fait qu'escompter un bénéfice de l'aide qu'on apporte n'est pas une preuve de solidarité (même européenne), si ce bénéfice n'est pas au rendez-vous, le prêt devient le signe d'une certaine légèreté dans la gestion des deniers publics.
Or, on parle déjà de restructuration de la dette grecque pour éviter la faillite pure et simple: étalement de remboursements, extinction d'une partie de cette dette et consolidation de l'autre partie. Adieu les cent cinquante millions qui faisaient saliver Christine! Adieu aussi une partie des milliards prêtés! Prêtés et empruntés. Qu'il faudra donc quand même rembourser.
Libellés en euros, les emprunts grecs ne vaudront plus grand chose (autant que les fameux emprunts russes?) et l'euro lui-même ne vaudra pas beaucoup plus si le FMI et les pays de la zone euro ne viennent pas à la rescousse de la Grèce.
Hélas! D'autres pays mais aussi des banques, des compagnies d'assurance et même des caisses de retraite ont prêté de l'argent à la Grèce. Le Portugal dont la note a été rétrogradée est-il de ceux-là?
L'euro baisse par rapport au dollar. C'est une dévaluation qui ne dit pas son nom. Heureusement que l'économie américaine n'est pas en pleine santé! Et que le yuan est volontairement sous-évalué!
Devra-t-on dévaluer l'euro? Les Américains obtiendront-ils enfin de la Chine une réévaluation du yuan? Pas enthousiaste la Chine qui détient des milliards de dollars en bons du trésor de l'Oncle Sam.
Et que fera la Chine de ce yuan devenu plus fort par rapport au billet vert?
Elle rachètera les USA?